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4 mai 2014 7 04 /05 /mai /2014 11:04
Review n°8 : Ici-bas, Ici même de Miossec

Artiste : Miossec

Album : Ici-bas, Ici même

Label : PIAS

Année : 2014

Il m'aura fallu quelques temps, vous l'aurez noté, pour revenir vous faire partager quelques minutes de bon son. Non que j'ai boudé le blog ou qu'il n'y ait rien à dire de l'actu musicale... Mettons plutôt cela sur le compte de L'Album de ce début d'année (avec un L' et un A majuscules), dont j'ai mis quelques jours à me remettre.

Avec Ici-bas, Ici même, Miossec signe son 9e album. Dans le top 3 du Brestois, j'aurais mis jusqu'au mois dernier Boire (1995), 1964 (2004), et pourquoi pas les Chansons Ordinaires (2011), d'ailleurs chroniquées ici-bas, ici même. Après 15 jours d'écoute en boucle, j'ai bien envie de remplacer les Chansons Ordinaires par ce Ici-bas, Ici même.

Pour les textes tout d'abord, qui sont d'une lumineuse beauté. Piochées ça et là... "Si nous portons ainsi notre visage/C'est pour qu'il soit un jour aimé", "Qui nous aime ici-bas, ici même/Qui nous aime/Qui nous lave de nos peines", On est quand même plus beaux/Vivants que morts/Même si on a l'air moins reposé/C'est qu'ici on fait trop d'efforts", "Bête comme j'étais avant/Dans le ventre de maman", Où sont passés nos rêves/Sont-ils trop lourds pour que je les soulève", "Nous sommes des touristes/Nous ne faisons que passer/C'est pour ça qu'on a l'air triste/Quand il s'agit de payer". Je m'arrête là, j'aurais pu recopier le livret. Miossec côtoie ici la poésie des plus grands.

Pour la musique ensuite. Après le rock des Chansons ordinaires, retour marqué à une certaine idée de la chanson française drapée dans un écrin musical feutré. Composé par Miossec, la galette est arrangée par l'excellent Albin de la Simone, issu du milieu jazz, et ça s'entend. Il suffit d'écouter les intros de Samedi soir au Vauban, Qui nous aime, ou encore A l'attaque pour s'en convaincre. L'ensemble des titres s'épargne bien des écueils pop et variété pour notre plus grand bonheur. Ici-bas, Ici même est un album qui s'écoute tranquille chez soi, et qui infuse tranquillement la profondeur de ses sons. Tout est raffiné, baigné d'une grande classe et d'une esthétique sonore assez jouissive.

Pour le chemin parcouru par le bonhomme, enfin. Et, par conséquent, pour le chemin parcouru par nous-mêmes à ses côtés depuis 20 ans. Boire, 1964 et Ici-bas, Ici même pourraient être le même album, décliné différement tous les 10 ans. Avec Boire, on faisait des tours de cadrans au milieu des bières et des soirées enfumées, jetant un oeil ça et là pour dénicher Des moments de plaisir, heureux d'Evoluer en 3e division, finissant souvent Le cul par terre. Dix ans plus tard, c'est au son de 1964 qu'on voulait encore et toujours Rester en vie, et que, mis En quarantaine, on entamait Le stade de la résistance en étant Désolé pour la poussière. Aujourd'hui, avec Ici-bas, Ici même, On vient à peine de commencer, et c'est comme Des touristes qu'on irait bien traîner Samedi soir au Vauban en chantant A l'attaque !

Miossec réalise le tour de force de se rester fidèle tout en évoluant, pour notre plus grande joie. Il est toujours question de la vie, de ce qu'on en fait, de nos multiples vies dans une seule, d'amour, de couple, de non-couple. Bref, de relations humaines. Tout ceci dans un climat assagi, mais toujours ivre d'envie de vivre et de bouffer les beaux moments qui arrivent.

Vous l'aurez compris, je n'écoute rien d'autre depuis 15 jours. Cerise sur le gâteau, l'objet CD-digilivre est très beau... Le 33 tours vinyl ne l'est pas moins : une galette toute blanche emballée dans une grand pochette pour bien profiter de la magnifique photo ci-dessus. Pourquoi choisir ? J'avoue avoir acheté les 2. Pour 2 fois plus de plaisir ? Oui, assurément.

Morceaux préférés : Tous ! (sachant que le single On vient à peine de commencer, pépité ici-bas, ici même, est à mon sens un des titres les moins forts... c'est dire !)

Note : 10/10

Raf Against The Machine

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28 avril 2014 1 28 /04 /avril /2014 21:09
Review n°7: Tremors de SOHN

Artiste: SOHN

Album: Tremors

Label: 4AD

Année: 2014

      Christopher Taylor, alias SOHN, est un londonien exilé depuis 2010 à Vienne qui vient tout juste de sortir son premier opus Tremors sur le célèbre label 4AD (Beirut, Cocteau Twins, Bon Iver, Deerhunter, Pixies, TV on the radio et j'en passe...). La famille musicale de l'anglais est assez évidente et donnera à certains l'impression qu'il n'y a rien de véritablement novateur dans cette musique, prenez le mélange r'n'b / électro de How To Dress Well, la suavité électro de James Blake, la sensualité de Blood Orange ou Fink et ce je ne sais quoi qui fait les grands albums (Alt-J) et vous obtenez une première idée assez significative de SOHN. Un SOHN qu'il serait en tout cas particulièrement maladroit de résumer à ce name-dropping qui ne sert qu'à donner une première esquisse du suc de Tremors.

      Tempest et sa voix auto-tunée en boucle joue sur le contraste avec la voix de falsetto de SOHN qui est pour beaucoup dans la grâce mélancolique qui émane de Tremors, les drums d'une électro un brin discordante se marient parfaitement à cette voix fragile pour un morceau d'ouverture parfaitement à l'image de l'album. The Wheel et ses choeurs bidouillés m'évoque Alt-J avant la sucrerie plus pop et presque plus dansante d'Artifice qui sonne comme le dernier projet de Devoné Hynes. Pas forcément la direction qui me touche le plus de la part de SOHN. Bloodflows privilégie de nouveau des sonorités plus électros où l'ambient cède sa place à une très belle montée électro finale qui n'est pas sans surprendre.

      Un Ransom Notes plus mystérieux et dépouillé, tel une incantation face aux étendues désertiques et glaciales de la pochette, qui ne cesse de me toucher davantage au fil des écoutes, un Paralysed tout en souffrance contenue à travers ce piano fragile, le coeur de l'album semble tomber dans un pathos parfaitement maîtrisé. Fool vient alors briser ce climat avec des synthés plus âpres qui martellent le morceau et semblent vouloir entamer une voix toujours aussi belle, en vain... Les percus caraibéennes de Lights qui lui donneraient presque des allures house prouvent la richesse des univers de Tremors avant que Veto ne nous replonge dans les inspirations plus pop de Blood Orange.

       L'album finit sur deux très bons morceaux, un Lessons tiraillé entre rythmique house et envolées lyriques et le morceau éponyme de l'album, savant dosage de pop mélancolique. Ce premier album de SOHN s'impose comme un des plus beaux moments de ce début d'année 2014, sans conteste.

 

Morceaux préférés:  5. Ransom Notes

                                   10. Lessons

                                   1. Tempest

                                   7. Fool

 

Note:  8   /    10

 

Sylphe

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23 mars 2014 7 23 /03 /mars /2014 19:09
Review n°6: Slumber d' Alien Hand Syndrome

Artiste: Alien Hand Syndrome

Album: Slumber

Label: Gentlemen's Records

Année: 2013

     Une pochette aussi belle que morbide avec ce corps de jeune femme recroquevillé sous des ronces - comme un euphémisme du titre Slumber qui signifie sommeil -, un nom de groupe en lettres rouge sang qui fait frissonner l'échine car Alien Hand Syndrome rappelle cette affection neurologique qui fait perdre le contrôle de sa main. Le groupe porté par le chanteur autrichien Clemens Engert qui a déjà sorti en 2011 un premier opus The Sincere and the Cryptic que je reconnais n'avoir jamais écouté ( faille que je m'empresserai de combler, une fois cette chronique publiée) a volontairement choisi un univers sombre qui  siérait parfaitement à un groupe de black-metal. Pourquoi ai-je eu la curiosité de jeter une oreille? Cette pochette qui me rappelait le clip de Get Well Soon If This Hat Is Missing I Have Gone Hunting ( rapprochement quasi prémonitoire on le verra)? Le hasard? Dans cette industrie de la musique qui par le biais du net nous noie sous la quantité, cette question mériterait une profonde réflexion. Mais cette introduction n'a que trop duré, il ne faut tout de même pas perdre de vue ma volonté de partager avec vous ce qui s'affirme peut-être comme mon gros coup de coeur de ce début d'année 2014, même si l'album date de 2013.

       Les premières notes de Violent Yellow séduisent d'emblée, les guitares et la voix aussi sombre que torturée de Clemens Engert nous plongent davantage dans une pop discordante que le refrain tentera d'éclaircir quelque peu. Le fantôme de Konstantin Gropper rôde déjà... Zampano avec ses drums et son piano épileptique change littéralement d'univers, plus électronique et placé sous le sceau de l'urgence rock. Le seul morceau de l'album qui m'évoque le Muse pas encore tombé dans ce son destiné à remplir les stades de football qui le symbolise maintenant. Ballad About The Cranes vient alors nous désarmer littéralement par sa beauté de pop baroque qui évoque le premier opus Rest Now, Weary Head! You Will Get Well Soon des allemands de Get Well Soon. Choeurs féminins inquiétants, cordes, voix habitée, le résultat est d'une mélancolie superbe.

        Après un Slumber plus âpre et plus rock qui contraste à merveille avec le titre précédent, Dot Me, porté par son piano tout en dépouillement, s'impose comme une très belle promenade fantômatique au clair de lune. Le niveau d'excellence perdure avec Daniel And The Lions qui, par ses violons et son orchestration baroque, sonne comme une version un peu plus frontale et plus pop de Get Well Soon. Un Batty Street Lodger plus downtempo et dépouillé m'évoquant une Fever Ray se mettant au piano qui montre la voix d'écorché vif de Clemens Engert, le piano macabre de Dark Was The Night, les très bons morceaux s'enchaînent.

      Les violons et l'explosion de rage finale d'Hedonic Treadmill amènent superbement le sommet de l'album, Sore Moon. Un piano d'une douceur incommensurable, l'émotion poignante du chant qui est enrichi par l'apport de Marilies Jagsch, ce morceau brille par son lyrisme fragile. Un peu moins de 2 minutes bruitistes avec Nihilistic Itching qui laisse transparaître la face obscure de Alien Hand Syndrome et la douceur de Broomstick Jesus (2013) vient clore paisiblement un album excellent.

       Slumber s'impose comme un album aussi torturé qu'apaisant, où la qualité de l'orchestration et le pouvoir émotionnel du chanteur donnent à cette pop baroque un aspect intemporel séduisant.

 

Morceaux préférés: 10. Sore Moon

                                   3. Ballad About The Cranes

                                   6. Daniel And The Lions

                                   5. Dot Me

Note :  9  /   10

 

Sylphe

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6 mars 2014 4 06 /03 /mars /2014 07:34

         Il n'y a presque plus à présenter les allemands de The Notwist tant leur carrière entamée dans les années 90 est déjà The.Notwist.Close.To.The.Glassd'une très grande qualité. Après des débuts entre punk et métal, ils se sont tournés vers une pop soyeuse teintée d'electronica qui explosera aux yeux de la scène indé avec l'excellent Neon Golden en 2002. The Devil, You+Me  en 2008 demeure dans la même veine et, six ans plus tard ils nous reviennent avec leur très attendu septième opus Close To The Glass. Il faut avouer qu'attendre six ans c'est long mais certains membres ont des side- projects de qualité qui nous aident à tenir le coup, je pense au chanteur Markus Acher qui fait par exemple partie de Lali Puna ou le bassiste Micha Acher qui oeurvre (oeuvrait? car nous n'avons plus de nouvelles depuis 2007) avec Ms. John Soda. Trêve de bavardages et savourons ensemble ce nouveau très bon cru teuton.

           Signals, le morceau d'ouverture, part sur une ambiance très électronique avec ses claviers avant que la voix toujours aussi séduisante de Markus Acher ( imaginez Thom Yorke qui serait né allemand et parlerait anglais) ne vienne donner une teinte mélancolique au titre. Pour une fois, la voix reste au second plan, dominée par la palette de sons électroniques qui donnent un aspect bricolage (Amon Tobin si tu nous entends) assez surprenant. Close To The Glass, ses drums électros et sa rythmique uptempo, possède ensuite un univers angoissant qui me plaît assez et qui pourrait évoquer les suédois de The Knife. Première rupture de l'album avec Kong, single dont j'avais déjà parlé ici, qui est un superbe morceau rock au pouvoir mélodique imparable. Ca part comme du Strokes, ça finit avec des violons et une ambiance électronique digne de Radiohead.  Désolé pour le name-dropping mais ceci ne fait que confirmer que c'est un des meilleurs titres de ce début d'année 2014.

       Into Another Tune revient à une ambiance plus électronique avec une boucle obsédante et une instrumentation très riche qui rappelle avec plaisir AMOK d'Atoms for Peace. Ce début d'album s'avère résolument électronique et ce n'est pas pour me déplaire, loin de là. Casino, morceau pop épuré porté par une guitare sèche, revient dans des territoires plus connus avant From One Wrong Place To The Next qui continue de creuser le sillon électronique avec brio.  7 -Hour -Drive clot le deuxième mouvement de l'album dans une ambiance plus rock, digne de My Bloody Valentine. Solide mais pas forcément ce qui me séduit le plus chez The Notwist.

          Un intermède de moins d'une minute avec The Fifth Quarter of The Globe et Run Run Run vient nous cueillir tant l'émotion de la voix se marie parfaitement à l'univers électronique.Du vrai travail d'orfèvre. Un Steppin'In tout en sobriété et douceur pop de la même veine que Casino avant le dernier très grand morceau de l'album, l'instrumental Lineri. Presque 9 minutes d'une odyssée qui n'est pas sans évoquer Boards of Canada. They Follow Me clot tout en mélancolie un superbe album qui, dans la droite lignée d'Atoms For Peace, donne ses lettres de noblesse à une poptronica parfaitement maîtrisée. The Notwist demeure une valeur sûre dans le paysage musical actuel et je ne dirai plus qu'un mot "Wunderbar".

 

Morceaux préférés: 3. Kong

                                      9. Run Run Run

                                      4. Into Another Tune

                                      11. Lineri

 

 

 

 

 

Note :  9  /  10

 

Sylphe

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27 février 2014 4 27 /02 /février /2014 19:18

       Janine Rostron alias Planningtorock vient de sortir son troisième album studio intitulé All Love's Legal, titre qui Planningtorock.All Love's Legalsouligne l'engagement de l'artiste qui veut effacer les barrières entre les genres. Son personnage qui joue la carte androgyne à base de postiches et faux nez destabilise par sa très belle voix... masculine. Le message de Planningtorock est digne d'intérêt mais ce qui m'intéresse ici est avant tout la qualité de la musique proposée. L'album précédent W   qui date déjà de 2011 m'avait littéralement subjugué au point de le faire figurer à la 8ème place de mon top 2011, cette prêtresse mystérieuse invoquait The Knife (avec qui elle a collaboré pour l'opéra Tomorrow, In A Year) et le projet solo de Karin Dreijer Andersson Fever Ray pour créer des titres aussi anxyogènes qu'envoûtants. All Love's Legal arrive donc avec sa pochette qui pique singulièrement les yeux, ceci n'augure rien de bon et malheureusement la prémonition va se réaliser car cet album est globalement décevant.

         Au risque de schématiser, deux tendances assez contradictoires semblent prendre le dessus dans cet opus : une volonté de destructurer le son et de brouiller les pistes dans la droite lignée directrice de l'exigeant Shake The Habitual de The Knife et une fâcheuse tendance à rendre les univers plus lisses et plus pop (voire dance) avec l'excès des synthés. L'aspect énigmatique qui me plaisait tant dans W semble s'être estompé, partiellement tout du moins....

        Après un morceau d'ouverture, Welcome, assez quelconque et tout en sobriété -quelques synthés accompagnant la vox de Janine (qui se fait appeler Jam désormais) - le titre éponyme surprend. Des synthés pop omniprésents et des cordes qui me donnent l'impression d'écouter du Klaxons en pleine déprime, le résultat n'est pas mauvais mais très lisse... Heureusement Human Drama me redonne vite le sourire, tout y est, la voix sortie des ténèbres, la boucle du synthé, ces touches de clavier qui tombent. Un superbe titre, sommet incontestable de l'album, tant l'univers tout en dépouillement me fascine. Answerland me fait vite redescendre avec son aridité, je cherche encore la chair de ce morceau...

       Allez on continue dans le revival Klaxons avec Let's Talk About Gender Baby. Voix qui a perdu son charme, des synthés dance mais un ensemble qui a le mérite d'être plus entraînant que All Love's Egal. Passé l'intermède Words Are Glass, bidouillage sonore dispensable, Misogyny Drop Dead vient relever le niveau. Peut-être le morceau le plus réussi dans cette volonté de destructurer, merci les amis de The Knife! Un nouvel intermède Beyond Binary Binds qui nous fait dangereusement frôler l'overdose de synthés nu-disco avant Steps qui me séduit de plus en plus au fil des écoutes par sa rythmique contemplative.

       Les 7 minutes de Public Love sont un peu trop longues mais pas dénuées de charme grâce à cette rythmique obsédante, par politesse je ne dirai rien du dernier intermède Purple Love, Patriarchy Over & Out clôt l'album sur une touche pop tout en légèreté qui ne colle pas au timbre de voix de Jam.

       Pour conclure, cet album a le mérite d'explorer de nouvelles pistes mais le résultat est très inégal. Je vous conseille par contre très fortement d'aller réécouter le très beau W.

 

 

Morceaux préférés:    3. Human Drama

                                     7. Misogyny Drop Dead

                                     10. Public Love

                                     5. Let's Talk About Gender Baby

 

 

 

 

Note :  6 . 5  /  10

 

Sylphe

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6 février 2014 4 06 /02 /février /2014 22:04

       Et le premier très bon album de 2014 arriva... Il est l'oeuvre du groupe à géométrie Thee-Silver--jpgvariable de Montreal, Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra (je vous ferai grâce de la liste de noms qu'ils ont eus pour leurs albums précédents afin de vous éviter un sérieux mal de crâne). Pour ceux qui ne les connaissent pas encore, il faut savoir que trois membres de Godspeed You! Black Emperor - le guitariste/chanteur Efrim Menuck, Sophie Trudeau et Thierry Amar - sont à l'origine de ce projet qui démontre toute la richesse de la scène post-rock de Montreal. Pour vous situer les caractéristiques du groupe (ou comment oser résumer les 6 albums précédents en quelques mots, fait honteux mais je vous incite de tout coeur  à aller les écouter), le son est particulièrement âpre et se marie parfaitement avec un message anarchiste assez violent.

        En termes d'âpreté et de ruguosité, la première partie de l'album n'est pas en reste. Le morceau d'ouverture Fuck Off Get Free ( For The Island Of Montreal) et ses 10 minutes abruptes commence en trompe-l'oeil avec la douce voix enfantine d'Ezra, le fils de Jessica Moss et Efrim Menuck, qui fait vite place à un morceau aussi épique avec ses choeurs, ses cordes et son univers instrumental foisonnant à souhait que sombre. Une obscurité incommensurable et touchant à la grâce aux deux tiers du morceau, les voix douces tentant d'atténuer un univers apocalyptique. Austerity Blues et ses 14 minutes restera dans la même veine, jouant sur le contraste entre son noisy et cordes. Une montée en puissance placée sous le signe de l'urgence rock prend aux tripes (8-9 minutes) avant une redescente laissant transparaître une réelle fragilité, la douce voix d'Efrim Menuck se perdant au milieu des cordes. On pensait avoir atteint l'acmée de la violence mais Take Away These Early Grave Blues et ses illusoires premières notes japanisantes nous afflige 6 minutes de rage presque punk, pour un résultat qui manque à mon goût d'un peu de relief.

         La deuxième partie de l'album se montre, quant à elle, plus lumineuse. Little Ones Run, ses touches de piano tombant comme des gouttes et les voix des deux violonistes, nous plonge dans un univers diamétralement opposé et il faut vérifier à deux fois que nous écoutons toujours le même album. Mais que dire du moment de grâce qui suit? Un titre qui apparaissait (pas exactement sous cette forme il est vrai) dans l'EP The West Will Rise Again (2012) et qui est joué en concert par le groupe depuis 2011, What We Loved Was Not Enough qui sera difficile à détrôner comme meilleur titre de l'année. Une voix à la Win Butler, un univers instrumental superbe, des cordes insouciantes, une montée finale imparable, une véritable résurgence des premiers titres d'Arcade Fire. Un travail d'orfèvrerie musicale tout simplement. Le dernier morceau Rains Thru The Roof At The Grande Ballroom qui s'ouvre sur un extrait d'interview de Capital STEEZ finit sur un climat un peu plus apaisé et nous aide à nous remettre du morceau de bravoure précédent.

      Ce septième opus de Thee Silver.... s'impose peut-être comme le sommet de leur discographie, seul le temps nous le dira mais cet album est déjà gravé en moi comme un très grand album post-rock.

 

Morceaux préférés:  5. What We Loved Was Not Enough

                                       1. Fuck Off Get Free (For The Island Of Montreal)

                                       2. Austerity Blues

 

 

 

 

Note:  8.5 / 10

 

Sylphe

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29 janvier 2014 3 29 /01 /janvier /2014 10:33

    Les Ecossais de Mogwai ne sont plus à présenter et se sont faits une véritableMogwai---Rave-Tapes.jpg place de choix dans l'univers assez fermé du post-rock. Ils restent sur deux albums assez solides, The Hawk is howling (2008) tout en sobriété et Hardcore will never die, but you will (2011) qui s'impose comme un de leurs meilleurs albums, ainsi que la BO de Les Revenants en 2013 dont la musique brille et colle parfaitement à l'univers anxyogène et fantomatique de la série. Les voilà donc avec leur huitième opus Rave Tapes qui offre une pochette un peu plus colorée et un brin ésotérique. Signe d'une évolution réelle de leur son? Pas de suspense inutile, Mogwai continue à creuser avec talent son filon sans donner véritablement l'impression de prendre des risques insensés. Du coup, pendant l'écoute, je suis partagé entre le plaisir de retrouver un ami perdu de vue depuis longtemps mais toujours aussi agréable ou la légère déception de voir que d'année en année il n'a rien de foncièrement nouveau à m'apporter. Cependant, le talent étant toujours aussi éblouissant, la première impression prend vite le dessus.

      Heard About You Last Night donne de suite le ton, le pouvoir cinétique du morceau est incontestable et les influences de la BO de Les Revenants se font clairement sentir. Titre assez mélodieux qui flirte avec la tentation de l'électronica et, fait plutôt surprenant pour les écossais, impression d'apaisement. Simon Ferocious ramène assez abruptement dans l'univers post-rock avec un son saturé, une batterie martiale et des guitares âpres. Une boucle lancinante pour un résultat solide mais sans très grande originalité. Dans cette veine très noire et résolument urbaine, Remurdered et ses réminiscences de krautrock et de Kraftwerk se montre largement plus convaincant surtout lorsque, passées les 3 minutes, les claviers font exploser le morceau pour une montée en puissance séduisante.

     Un Hexon Bogon tout en contraste entre instrumentation éléphantesque et mélodie mélancolique, un Repelish dépouillé qui s'appuie sur le monologue de Lee Cohen dénonçant les dérives satanistes de Stairway To Heaven (ça ne s'invente pas!) avant deux titres moins convaincants: Master Card qui tente sans grande originalité de muscler le propos avec ses guitares et Deesh dont l'aspect mélancolique traîne légèrement en longueur. Fort heureusement, les trois derniers titres élèvent de nouveau le niveau.Tout d'abord, Blues Hour surprend avec le  chant de Stuart Braithwaite qui donne une vraie saveur supplémentaire au morceau. No Medicine For Regret est ensuite aussi indescriptible que beau avant The Lord Is Out Of Control qui utilise avec brio le voccoder.

    Finalement, sans donner l'impression d'avoir forcé, cet album de Mogwai frappe juste tant ces métronomes du son sont talentueux.

 

Morceaux préférés:   1. Heard About You Last Night

                                   3. Remurdered

                                  10. The Lord Is Out Of Control

                                   9. No Medicine For Regret

 

 

Note:  8 / 10

Sylphe

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15 janvier 2014 3 15 /01 /janvier /2014 14:32

        Avant de m'intéresser aux premières sorties musicales de 2014, je ne peux pasSan-Fermin.jpg m'empêcher de vous parler de mon album préféré de 2013, d'autant plus que c'est une vraie découverte et un premier album. Ne pas se fier à ce nom de San Fermin qui peut évoquer en vrac la tauromachie ou encore Ernest Hemingway, le groupe mené par le pianiste de 24 ans Ellis Ludwig - Leone est bien originaire de Brooklyn. Ce dernier s'est entouré entre autres des deux chanteuses de Lucius Jess Wolfe et Holly Laessig et d'Allen Tate qui saura vous séduire avec son exceptionnelle voix de baryton.

Pour définir la musique de San Fermin, je dirai qu'il faut une pincée de pop baroque à la Get Well Soon, une pincée de pop lumineuse à la Sufjan Stevens, saupoudrer d'un brin de mysticisme des soeurs Cocorosie, le tout enveloppé d'une voix majestueuse digne de Matt Berninger. Désolé pour le name-dropping mais cet album tiraillé entre folk dépouillé et pop orchestrale synthétise parfaitement tous ces artistes.

Renaissance! s'impose d'entrée comme le titre-phare de l'opus, la voix d'Allen Tate, les choeurs féminins, l'univers instrumental (piano-cordes) d'une grâce sans fin. Ce titre s'épanouit peu à peu, tel une rose s'ouvrant en douceur. Konstantion Gropper aurait-il trouvé ses dignes héritiers? Crueler Kind, porté en priorité par les voix féminines et un refrain qui réhabiliterait presque le saxophone, se montre résolument plus frais et plus pop, comme une résurgence du Illinois de Sufjan Stevens. Passé un Lament for V.G. aussi mystérieux qu'inquiétant avec ses cuivres fantomatiques, Casanova vient nous asséner un nouveau coup et nous prouver que le dépouillement sied parfaitement à San Fermin. La voix d'Allen Tate porte à bras le corps ce morceau, quelques cordes et un piano l'accompagnant tout en discrétion.

A peine le temps de se remettre de cette plage de douceur que Sonsick nous donne une véritable leçon de pop entre rythmique downtempo qui contraste à merveille avec l'explosion du refrain féminin et des cuivres. Une nouvelle larme avec le dépouillé Methuselah aussi touchant que Casanova, un intermède au piano digne d'Aufgang et Torero surgit avec sa muleta pour un combat plus viril. Le morceau sonne plus rock, tout en faisant toujours la part belle aux cuivres, ce qui n'est pas sans évoquer notre pépite française Woodkid. Les voix cristallines de At Night, True Love, la débauche d'instruments de The Count, le refrain digne d'Arcade Fire de Bar, tous les titres de l'album méritent notre intérêt.

Un duo plus mystique rappelant les soeurs Cocorosie avec In Waiting et True Love Asleep, un Oh, Darling brillant par son caractère apaisé avant le dernier moment épique de l'album Daedalus (What We Have) qui reflète parfaitement l'album.

En 17 titres San Fermin a démontré que la pop orchestrale avait encore de beaux jours devant elle. Une claque qui trône majestueusement au sommet de 2013, tout simplement.

 

Morceaux préférés: 1. Renaissance!

                                  5.Sonsick

                                  6.Methuselah

                                  8.Torero

 

 

 

Note: 9.5 / 10

 

Sylphe

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