Artiste : Miossec
Album : Ici-bas, Ici même
Label : PIAS
Année : 2014
Il m'aura fallu quelques temps, vous l'aurez noté, pour revenir vous faire partager quelques minutes de bon son. Non que j'ai boudé le blog ou qu'il n'y ait rien à dire de l'actu musicale... Mettons plutôt cela sur le compte de L'Album de ce début d'année (avec un L' et un A majuscules), dont j'ai mis quelques jours à me remettre.
Avec Ici-bas, Ici même, Miossec signe son 9e album. Dans le top 3 du Brestois, j'aurais mis jusqu'au mois dernier Boire (1995), 1964 (2004), et pourquoi pas les Chansons Ordinaires (2011), d'ailleurs chroniquées ici-bas, ici même. Après 15 jours d'écoute en boucle, j'ai bien envie de remplacer les Chansons Ordinaires par ce Ici-bas, Ici même.
Pour les textes tout d'abord, qui sont d'une lumineuse beauté. Piochées ça et là... "Si nous portons ainsi notre visage/C'est pour qu'il soit un jour aimé", "Qui nous aime ici-bas, ici même/Qui nous aime/Qui nous lave de nos peines", On est quand même plus beaux/Vivants que morts/Même si on a l'air moins reposé/C'est qu'ici on fait trop d'efforts", "Bête comme j'étais avant/Dans le ventre de maman", Où sont passés nos rêves/Sont-ils trop lourds pour que je les soulève", "Nous sommes des touristes/Nous ne faisons que passer/C'est pour ça qu'on a l'air triste/Quand il s'agit de payer". Je m'arrête là, j'aurais pu recopier le livret. Miossec côtoie ici la poésie des plus grands.
Pour la musique ensuite. Après le rock des Chansons ordinaires, retour marqué à une certaine idée de la chanson française drapée dans un écrin musical feutré. Composé par Miossec, la galette est arrangée par l'excellent Albin de la Simone, issu du milieu jazz, et ça s'entend. Il suffit d'écouter les intros de Samedi soir au Vauban, Qui nous aime, ou encore A l'attaque pour s'en convaincre. L'ensemble des titres s'épargne bien des écueils pop et variété pour notre plus grand bonheur. Ici-bas, Ici même est un album qui s'écoute tranquille chez soi, et qui infuse tranquillement la profondeur de ses sons. Tout est raffiné, baigné d'une grande classe et d'une esthétique sonore assez jouissive.
Pour le chemin parcouru par le bonhomme, enfin. Et, par conséquent, pour le chemin parcouru par nous-mêmes à ses côtés depuis 20 ans. Boire, 1964 et Ici-bas, Ici même pourraient être le même album, décliné différement tous les 10 ans. Avec Boire, on faisait des tours de cadrans au milieu des bières et des soirées enfumées, jetant un oeil ça et là pour dénicher Des moments de plaisir, heureux d'Evoluer en 3e division, finissant souvent Le cul par terre. Dix ans plus tard, c'est au son de 1964 qu'on voulait encore et toujours Rester en vie, et que, mis En quarantaine, on entamait Le stade de la résistance en étant Désolé pour la poussière. Aujourd'hui, avec Ici-bas, Ici même, On vient à peine de commencer, et c'est comme Des touristes qu'on irait bien traîner Samedi soir au Vauban en chantant A l'attaque !
Miossec réalise le tour de force de se rester fidèle tout en évoluant, pour notre plus grande joie. Il est toujours question de la vie, de ce qu'on en fait, de nos multiples vies dans une seule, d'amour, de couple, de non-couple. Bref, de relations humaines. Tout ceci dans un climat assagi, mais toujours ivre d'envie de vivre et de bouffer les beaux moments qui arrivent.
Vous l'aurez compris, je n'écoute rien d'autre depuis 15 jours. Cerise sur le gâteau, l'objet CD-digilivre est très beau... Le 33 tours vinyl ne l'est pas moins : une galette toute blanche emballée dans une grand pochette pour bien profiter de la magnifique photo ci-dessus. Pourquoi choisir ? J'avoue avoir acheté les 2. Pour 2 fois plus de plaisir ? Oui, assurément.
Morceaux préférés : Tous ! (sachant que le single On vient à peine de commencer, pépité ici-bas, ici même, est à mon sens un des titres les moins forts... c'est dire !)
Note : 10/10
Raf Against The Machine