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28 mars 2010 7 28 /03 /mars /2010 22:57
       Je me décide enfin à parler du second album Black Noise de Hendrick Weber a.k.a Pantha du Prince cover-copie-142.jpg(pseudonyme qui me séduit pleinement par son originalité toute prussienne) après de multiples écoutes qui m'ont fait prendre conscience de la suave richesse de l'objet.  Une pochette représentant une maisonnette sur le flanc d'une montagne, au bord d'un lac, tout ceci dans des couleurs pâles et douces. Le titre semble lui plutôt en contradiction avec la pochette bucolique car le black noise s'apparente au son à basse fréquence que ne peut déceler l'oreille humaine et qui est souvent annonciateur de catastrophes naturelles. L'album de notre hambourgeois aurait-il donc pour objectif de faire exploser ce paysage enchanteur?
     Les premières plages de l'album rassurent rapidement, c'est une électronica contemplative qui doucement se met en place. L'impression de voir la nappe de brouillard flottant sur le lac qui se désagrège peu à peu, chassé par le vent que je verrais bien à travers les clochettes omniprésentes. 1. Lay in shimmer offre donc d'emblée un morceau impressionniste en perpétuelle évolution sonore. Une ligne mélodique tout en surprises qui passe de l'ambient à une fin marquée par un beat plus percutant aux confins de la house. 2.Abglanz, dans une veine plus expérimentale, confirme la préciosité et la variété des sons employés et je me surprends à penser à du Massive Attack avec le beat de fond. Un morceau scintillant de mille sons qui laisse poindre la lumière sur la fin. 3. The Splendour confirme ce début tout en douceur, même si le rythme qui se fait de plus en plus intense annonce les envies de créer une techno plus dansante.
        4. Stick to my side nous surprend avec la présence d'une voix qui, néanmoins, se fond parfaitement dans l'univers. La voix de Noah Lennox, alias Panda Bear d'Animal Collective, en toute simplicité... Un petit joyau. S'enchaîne alors un tryptique au son un peu plus âpre et house avec 5. A nomads retreat, le trip galactique 6. Satellite Sniper et le titre taillé pour les dance-floor à renfort de voix robotique 7. Behind the stars.
     8.Bohemian Forest prolonge l'expérience sensorielle de cet album avec un son house aux sonorités tribales et caraibéennes avant que l'opus revienne vers des sonorités plus éthérées. Les choeurs en fond de 9. Welt an draht , les atmosphères planantes de 10. Im bann et 11.Es schneit viennent refermer la boucle et nous donnent l'impression d'être tombé dans une faille temporelle, tant cette heure 10 est passée vite.
      Bijou instrumental, préciosité de la production, un album royal pour Pantha du Prince.




Sylphe
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27 mars 2010 6 27 /03 /mars /2010 13:09

La dernière invitation en date de Gorillaz : passer un moment dans leur nouveau lieu de villégiature et de travail. Direction donc la Plastic Beach. Lieu intriguant en soi, puisque le communiqué de presse officiel précise, je cite : "Le groupe s'est retiré dans une île secrète, flottant très au sud du Pacifique sud. Le quartier général Plastic Beach, fait de détritus, de débris, et de restes délavés de l'humanité. Cette Plastic Beach est le coin le plus éloigné de toute terre habitée sur terre ; le coin le plus désert de la planète."

Accueil tranquille par une Orchestral Intro, avant que ne se succèdent les moments d’enregistrement. Tantôt Damon Albarn bosse ses propres créations, tantôt il laisse généreusement la place à ses invités. Et ils ne manquent pas : Snoop Dogg sur l’amusant Welcome to the world of the Plastic Beach, Mos Def. et Bobby Womack sur Stylo (le single du moment), tandis que De La Soul vient colorer Superfast Jellyfish. On s’arrête là ? Et bien non… Some Kind of Nature, un des morceaux les plus touchants à mon goût, accueille Lou Reed, légende vivante capable du meilleur comme du pire depuis 40 ans. Soyons clair : si le Velvet Underground vivait encore, il aurait écrit ce génial Some Kind of Nature, minimaliste et efficace à souhait. Sur la fin, retour de Mos Def. pour le festif Sweepstakes et de Bobby Womack dans un Cloud of Unknowing soul et crépusculaire. Comme on en redemande encore (oui, je sais c’est déjà vertigineux), on n’oubliera pas de citer Little Dragon, Bashy, ainsi que deux anciens des Clash : Mick Jones (guitariste) et Paul Simonon (bassiste).

gorillaz-plastic-beach-copie-2.jpg

Avec tout ce beau monde, on en oublierait presque que Plastic Beach est une galette de Gorillaz. Qu’on se rassure, Albarn & Co n’ont pas fait faire le boulot aux autres. En témoignent les Rhinostone eyes, On Melancholy Hill, Broken, Plastic Beach ou Pirate Jet. Ces titres nous rappellent quelque chose, mais on ne sait pas vraiment quoi. Un peu d’Alan Parson’s Project pour le côté aérien ? Quelques gouttes de Giorgio Moroder pour les sonorités ? Une pincée de Pink Floyd dans la construction des arrières plans sonores ? Oui, un peu de tout ça, mixé, absorbé, digéré et régurgité par Gorillaz. Collez la voix incroyable de Damon Albarn sur ces compos et vous obtenez des pistes qui égalent largement celles de Gorillaz (2001) ou Demon Days (2005), déjà des références en la matière.

A la fin de la visite, 56 minutes plus tard, la conclusion s’impose. Le talent de Gorillaz-Damon Albarn est plus que jamais là : être capable de mélanger des dizaines de styles et d’influences pour en faire un objet musical et un univers bien à soi. Prolongation du CD : le DVD inclus dans l’édition Experience qui comprend notamment un docu sur la réalisation du projet. Chapeau bas à Gorillaz.

Raf

 


 

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23 mars 2010 2 23 /03 /mars /2010 21:19
      Voilà la dernière pépite signée sous le label indépendant français Kitsuné,cover-copie-141.jpg avec ces nord-irlandais de Two Door Cinema Club. Un an qu'ils sont annoncés comme géniaux, une belle performance dans le festival des Inrocks pour remplacer La Roux semble avoir confirmé toute leur énergie scénique. Qu'en est-il donc de cet album studio mixé par Philippe Zdar?
      10 titres et 33 minutes écoulées sur un rythme effréné plus tard, la sensation d'être tombé sur une bulle de fraicheur communicative tinte encore à nos oreilles. Le talent de nos nord-irlandais est de nous embarquer pleinement dans leur fougue musicale sans jamais donner l'impression de véritablement innover. Des rythmes à la Foals, des univers instrumentaux qui ne sont pas quelquefois sans rappeler Phoenix et un sens de la mélodie qui rappelle l'âge d'or de la brit-pop, la recette est d'une simplicité déconcertante mais tellement convaincante. Pas d'expérimentation sonore, ici l'objectif est de faire bouger les têtes et les jambes avec un minimum d'artifices.
      1.Cigarettes in the theatre et 2. Come back home offrent d'emblée deux titres très péchus. La batterie obsédante de l'un, les ruptures de rythmes de l'autre et en commun ces refrains insidueux que je vous défie de ne pas chantonner. 3.Do you want it all offre une petite accalmie sucrée qui va lorgner vers la synth-pop et où la voix d'Alex Trimble n'est pas sans nous rappeler Chris Martin. 4. This is the life et son instrumentation qui sonne très Phoenix confirme le potentiel des britanniques à s'écarter des tubes axées essentiellement dance-floor.
     En effet, dans la catégorie hits pour rois de la discothèque, Two Door Cinema Club possède la recette imparable avec des titres comme l'épileptique 6. I can talk ou encore l'excellent 7. Undercover Martyn qui fonctionne plus en contraste de rythmes.
      En conclusion, un premier album très encourageant qui fait mouche par sa fraîcheur. Espérons que ce ne sera pas qu'un simple buzz et qu'ils confirmeront par la suite.



Sylphe
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13 mars 2010 6 13 /03 /mars /2010 10:38
      Après une expérience concluante en 2007 avec l'album It's not how far you fall, it's the way you land,cover-copie-140.jpg Mark Lanegan reprend du service avec le duo Rich Machin - Ian Glover pour réactiver les Soulsavers. Même si sa présence est importante (il a participé à l'écriture de 8 titres et chante sur la plupart), Mark Lanegan n'est pas la seule guest invitée par le duo anglais. En effet, vous pourrez croiser au détour d'un morceau Mike Patton (Faith no More), Gibby Haines (Butthole Surfers), Jason Pierce (Spiritualized) ou encore la quasi inconnue mais finalement lplus marquante Red Ghost a.k.a Rosa Agostino.
     A vrai dire, qualifier Mark Lanegan de guest est une erreur, tant dans cet album ce dernier s'affirme comme la troisième entité d'un trio de producteurs-compositeurs. Sa voix éraillée, qui dans le genre vient taquiner les sommets atteints par un Ray Lamontagne, est le véritable poumon de ce Broken et lui donne toute sa dimension obscure, à l'image de la pochette.
     1. The Seventh Proof offre un morceau instrumental de grande qualité, s'appuyant sur un piano d'une rare sobriété que viennent enrichir les violons. Ce talent inné pour les morceaux insrtumentaux majestueux réapparaîtra dans l'excellent 12.Wise Blood qui fait, quant à lui, la part belle aux violons et à la batterie et sonne comme du Craig Armstrong.
      Le deuxième domaine de prédilection de Soulsavers concerne les ballades folk très présentes dans le ventre de l'album. Mark Lanegan pose ainsi avec brio sa voix sur le piano de 4. You will miss me when i burn ou de 8. Can't catch the train et je me surprends à me laisser bercer. L'harmonica et les sonorités country de 7. Shadows fall s'assimilent avec une facilité surprenante.
     Cependant, l'intérêt principal ressenti pour cet album découle de ces morceaux plus percutants qui s'éloignent de la veine folk. 2.Death Bells est superbe, la batterie et les sonorités électros donnent un rythme étourdissant dans un titre évoquant une course poursuite nocturne. Les guitares et la voix de Lanegan se marient à merveille à cet univers. Et que dire du bijou 3. Unbalanced Pieces dont la rythmique et les sonorités électros évoquent en moi les souvenirs de Morcheeba? Un refrain mélodique que vous ne pourrez vous empêcher de fredonner, j'en prends le pari. Cette rythmique trip-hop refera surface dans l'excellent 11. Rolling Sky où le timbre de Red Ghost n'est pas sans rappeler celui de Skye Edwards, au milieu d'un univers un brin jazzy.
  Et j'allais oublier le bijou 5. Some Understanding qui allie puissance instrumentale à des choeurs d'une rare beauté.
    Un album très dense, d'une noirceur et d'un esthétisme pointus. Une pépite de production à écouter de toute urgence.




Sylphe
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12 mars 2010 5 12 /03 /mars /2010 13:21
       Aujourd'hui une petit découverte signée sur le label légendaire Ninja Tune avec le 6ème album descover-copie-139 norvégiens de Jaga Jazzist. La bande menée par les frères Horntveth m'était jusqu'alors inconnue et c'est en victime en tout point innocente que fébrilement j'ai appuyé sur le bouton play pour découvrir ce groupe nordique. Connaissant mon intérêt pour les formations de nos pays du Nord, je partais disons avec un a priori légèrement positif.
      Les premières écoutes me laissent un goût de surprise mêlé à la perplexité face à la structure relativement complexe des morceaux. Instrumentalement, le piano, les cuivres, la batterie, le saxo et j'en passe cohabitent avec les sons synthétiques. La première impression se résumerait en cette phrase : " Humm quel mic-mac musical, ils n'ont pas réussi à faire des choix donc ils ont tout mis".
Cependant, le lecteur intelligent que tu es (une petite flatterie de temps en temps) a bien compris que je ne me suis pas arrété aux premières impressions si j'en parle ici. En effet, après m'être appréhendé patiemment l'album, je dois reconnaître que sa diversité de genres me séduit et fait de cet opus un objet assez inclassable dans le panorama musical actuel. On navigue entre électronica, jazz-rock et post-rock assez naturellement.
     Après une ouverture de 23 secondes, 2.One-armed bandit, le titre éponyme, me plonge d'emblée dans une étrange BO de western. Un rythme assez prenant et un morceau qui se métamorphose littéralement, laissant peu à peu les instruments accueillir une mélodie plus électro. Un morceau qui résume assez bien cette notion de débauche instrumentale. 3. Bananfluer Overalt s'avère en comparaison plus classique dans sa construction , de plus il sonne davantage jazz-rock, ce qui le rend à mes oreilles moins envoûtant.
   4.V.Spektral commence tout en douceur, porté par des notes de piano cristallines. On sent poindre le morceau d'electronica quand un beat qui me fait penser à Gossip et une batterie entre autres viennent donner une tournure différente au morceau. Les sonorités futuristes sur la fin embellissent ce morceau qui s'affirme comme un très beau hit de post-rock.
   5.Toccata part sur le même principe, porté par la mélodie obsédante du piano, ce qui me rappelle très clairement les expérimentations d'Aufgang. Bien qu'accompagné au fur et à mesure par les cuivres, ce morceau est un superbe exemple de simplicité et de dépouillement.
   Après un 6.Prognissekongen qui me laisse de marbre, 7. Book of glass et 8. Music!Dance!Drama mélangent jazz et electronica. Des boucles electros qui me font penser au Air du début, le Air de Virgin Suicides. Un résultat qui n'est pas dénué de saveurs quand surgissent les beats et les guitares électriques de 9.Touch of evil. Ce morceau incisif clôt magistralement l'album.
    Un album que je vous conseille fortement, instrumentalement beaucoup plus rigoureusement construit qu'il n'en a l'air aux premières écoutes.




Sylphe
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5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 22:56
        Un peu de douceur nordique pour continuer ce mois de mars avec les danois d'Efterklang. Après deux cover-copie-138.jpgalbums Tripper (2004) et Parades (2007), le groupe mené par Peter Broderick et le chant de Casper Clausen sort son troisième opus. Un bien bel album de pop orchestrée d'une richesse instrumentale incommensurable.
      1.Modern Drift résume à lui seul la capacité des danois à créer des atmosphères instrumentales très riches et en perpétuelle évolution. Les quelques notes de piano jouées sur un rythme élevé pour accompagner la voix fraîche de Casper s'effacent peu à peu devant les percussions et les violons. L'utilisation des violons combinée aux choeurs et aux percussions n'est pas sans rappeler nos icônes canadiennes d'Arcade Fire. 
    2.Alike propose une ouverture plus sombre, les synthés et les percus offre une rythmique aux confins du trip-hop. Cependant, et c'est bien là la principale richesse de Efterklang, ils sont capables de faire évoluer leurs morceaux. Les cuivres et les choeurs éclairent le titre, comme si le soleil apparaissait peu à peu sur le fil de l'horizon. 3. I was playing drums offre le deuxième grand moment de l'album, jouant sur une alternance contrastée entre moments mélancoliques et envolées plus pop des choeurs.
    Après 4.Harmonics et 5. Raincoats, deux beaux titres avec un relief cependant moindre, 6.Full Moon me séduit pleinement. L'alliance des choeurs et des violons est de toute beauté. 7.The Soft Beating soulève en nous l'impression que Chris Martin aurait décidé de reprendre du Grizzly Bear, la montée instrumentale à la fin est très percutante.
     La fin de l'album garde les mêmes recettes avec une petite mention spéciale pour 9.Mirror Mirror et son utlisation des violons à la Arcade Fire.
    Finalement un bien bel album qui brille par son instrumentation léchée.




Sylphe
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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 20:06
       Après le dernier Hot Chip, il faut croire que mon mot d'ordre actuel est de m'intéresser aux albums dontcover-copie-137.jpg les pochettes sont assez hideuses avec ce deuxième album des américains de Yeasayer. Après un très remarqué  All Hours Cymbals de Yeasayer (2007) qui définissait un son très original à base de folk expérimental et de world-music pour schématiser, la bande à Chris Keating a choisi de se renouveler en sortant les synthés pour viser un son plus synth-pop qui réveille en nous les souvenirs des années 80. Très clairement, une évolution s'inscrivant parfaitement dans l'univers musical actuel qui allie expérimentations pyschédéliques ( Animal Collective et ses disciples) et pop électronique communicative ( MGMT). J'avais apprécié le premier album pour l'originalité du son proposé, cette nouvelle volonté de suivre les tendances va -t-elle tout autant me séduire?
       L'introduction 1.The Children me séduit d'emblée et je dois regarder plusieurs fois si je ne me suis pas trompé d'album tant le son est à dix mille lieues du premier opus. L'univers instrumental s'appuie sur des mécanismes avec une volonté bruitiste affirmée, la voix voccodée surprend et l'ensemble s'impose comme un joli trip futuriste. On est bien loin de la sobriété instrumentale de  la folk quand 2.Ambling Alp et la voix toujours aussi fraîche de Chris Keating vient nous rassurer. Les choeurs et les percussions sont toujours présents comme on le voit avec l'assez bon 3.Madder Red. 4. I Remember vient clore cette parenthèse de 3 titres plus en adéquation avec l'idée qu'on se faisait du son de Yeasayer. Un I Remember bien facile soit dit en passant tant les sonorités psychés et la reverbe sonnent Animal Collective.
      Paradoxalement, de ces 4 premiers titres je ne retiens que l'originalité de The Children tant je trouve le reste très attendu. 5.ONE réveille alors mon intérêt vacillant, un superbe morceau d'électro-pop totalement destructuré qui part dans tous les sens et nous rappelle Hot Chip. 6.Love me girl s'enchaîne avec brio de par son intro mystérieuse tout en synthés.Tout à la fois pop (MGMT), froidement électro (New Order) et terriblement urbain (Rnbiste?lol), ce morceau est un joli melting-pot d'influences.
      Malheureusement, l'album vient déjà de toucher les sommets pour moi. Toute la suite me laisse de marbre. 7.Rome est horriblement répétititf et musicalement bien limité, 8.Strange Reunions s'assimile presque à un intermède, 9. Mondegreen me touche un peu plus avec des sonorités plus rock dignes de TV on the Radio quand 10.Grizelda finit l'album en simplicité. Ce morceau aurait mérité de figurer dans All Hour Cymbals et ne nous fait que plus regretter le premier opus.
       Album bien dur à définir, je n'arrive pas à me retirer de la tête que Yeasayer a succombé aux sirènes de la facilité hype. Certes le talent est toujours présent mais l'ensemble manque de personnalité. Certains diront que Yeasayer a trouvé son son, moi je trouve qu'ils se sont juste quelque peu écartés de leur quête musicale.





Sylphe
      
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9 février 2010 2 09 /02 /février /2010 11:27

       2008 fut éclairée par le superbe premier album de Konstantin Gropper qui s'imposa pour moi en tête du Cover-copie-1.jpgtop de fin d'année. 2009 confirma les impressions avec un très beau concert à la Maroquinerie. Arrive 2010 et le second opus de Get Well Soon, intitulé Vexations. Un titre assez pessimiste, une pochette qui tranche avec celle du premier album en représentant un personnage qui voit les traits de son visage couler et fondre entre ses doigts. Des couleurs plutôt sombres, tout porte à croire que Konstantin Gropper veut de nouveau nous laisser explorer les méandres obscurs de sa personnalité. Cette volonté d'effacer son visage témoignerait-elle aussi d'une volonté de changement ?
       Les premières écoutes surprennent et destabilisent quelque peu et l'on prend conscience que nos attentes sont véritablement proportionnelles au plaisir ressenti avec Rest your Weary Head, You Will Get Well Soon, à savoir sûrement trop élevées. Tout d'abord, on remarque l'absence de moments de bravoure littéralement épiques, de ces morceaux qui portent un album en vous donnant des frissons. L'ensemble paraît plus homogène et, s'il ne possède pas de titres phares, ne connaît pas non plus de temps faible. De plus, la tonalité d'ensemble est devenue plus grave. La variété de tonalités qui faisait la part belle à une pop plus légère (même si à coup sûr elle n'était que de façade) a cédé la place à une pop baroque assez sombre, où l'orchestration classique a gagné en sobriété. Finis les excès et les explosions instrumentales, on ressent comme une volonté de se recentrer sur les textes. Konstantin Gropper n'a jamais véritablement compris pourquoi on le comparait à Arcade Fire, cette nouvelle direction prise serait-elle un petit clin d'oeil fait aux critiques? Allez je m'emballe, les procédés de création de Konstantin ne sont sûrement pas liés aux avis extérieurs.
     1.Nausea offre d'emblée un titre tout en contraste, le contraste entre ce titre dur et la douceur du morceau. Des petits oiseaux, une voix féminine qui parle laissant peu à peu place aux violons et à la voix tout en profondeur de Konstantin. Simplicité et sobriété pour cette belle petite ballade. On est ici assez loin de l'ouverture toute en fanfare du premier opus et le message est clair. 4.Red Nose Day reprendra cette formule, la voix étant juste accompagnée de violons en fond et de choeurs féminins dignes de Cocorosie. De même, 9.That Love viendra effleurer les contours de la folk pour un morceau qui tombe je trouve dans l'excès de la sobriété et du dépouillement.
   Fort heureusement, Get Well Soon sait se montrer plus convaincant quand il privilégie le genre de la complainte. Ainsi 10.Aureate est-il sublime,la voix qui s'élève par envolées entrecoupée de cette batterie omniprésente nous ramène aux plus beaux titres de Thom Yorke. Et que dire de ces violons qui viennent apporter la touche finale au morceau? Finalement, lorsque je compare 10.Aureate et 3.We are free, je me dis que Konstantin fait bien de privilégier cette voie. En effet, le début de 3.We are free va fureter du côté de la synth-pop à la Air et le résultat est assez décevant. Les violons et les choeurs d'enfants viennent fort à propos sauver le morceau.
      Konstantin Gropper n'a tout de même pas délaissé ce qui m'avait charmé dans le premier opus, les montées en puissance instrumentales s'appuyant sur des choeurs percutants et des cuivres judicieux se mariant à merveille avec les cordes. 2.Seneca's Silence (à noter l'aspect name dropping de l'album) ravive les souvenirs de Rest... avec l'utilisation de la batterie et des choeurs. La fin de 5 Steps/7 Swords est tout simplement sublime et le souvenir de Beirut laisse pointer son nez. Les cuivres insufflent cet air épique tant recherché. 7.A voice in the Louvre s'envole après 2 minutes, les violons et les choeurs féminins ne peuvent pas m'empêcher de penser à Arcade Fire.
      Ces choeurs donnent toute la puissance mélodique à des titres excellents comme 11.We are ghosts ou encore 13.Angry young man qui séduisent facilement. Je finirai en parlant du très élégiaque 8.Werner Herzog gets shot qui s'impose peut-être comme le meilleur titre de l'album tant les voix féminine et masculine se marient à merveille.
       Album plus mature et plus difficile à appréhender, Vexations a su me séduire au fil des écoutes. Je regretterai toujours la fraiche diversité de Rest... mais je dois reconnaître que Konstantin Gropper s'impose comme l'un des plus grands représentants de la pop baroque. J'attends déjà avec impatience le prochain, c'est dire.



Sylphe
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8 février 2010 1 08 /02 /février /2010 11:14

       Des nouvelles de nos 7 paysans gallois que nous avions laissés en avril 2008 avec leur premier superbeCover.jpg album Hold On Now Youngster de Los Campesinos (2008) . Depuis, j'ai pu savourer leur débauche instrumentale en première partie de Go Team et écouter leur deuxième album We are beautiful we are doomed sorti en octobre de la même année. Un album que je n'avais pas chroniqué car je l'avais trouvé somme toute assez moyen.
     Arrive donc ce troisième opus au sujet duquel les attentes pour moi sont réelles. Mon interrogation principale est de savoir si le groupe a su évoluer ou a choisi la facilité avec les recettes qui ont fait son succès: la spontanéité juvénile, la folie cacophonique des instruments, le chant au phrasé Art Brut de Gareth et la puissance des choeurs.
     A la première écoute, il semble qu'il n'y ait pas une grande révolution. Ainsi le single 2.There are listed buildings reste en terrain conquis, porté par un rythme soutenu et un chant énergique. Certes agréable à l'écoute mais l'impression de déjà entendu prime. Il en sera de même pour 7.Straight in at 101 ou encore 9. I warned you: do not make an enemy of me qui n'apportent pas une once de nouveauté.
Cependant, même si l'impression générale tend vers un manque d'originalité, il convient de dépasser cette impression et d'analyser avec plus de précision les morceaux. En effet, nos Gallois aiment trop la musique pour ne pas distiller au gré des morceaux des touches subtiles qui donnent de la profondeur à l'ensemble (ce qui pourrait paraître surprenant pour un groupe s'affirmant comme une bande qui vise un plaisir rapide et viscéral).
     1.In Medias Res (littéralement le morceau qui se lance sans une quelconque introduction) touche ainsi d'emblée avec son univers instrumental très dense (violons, xylophone, glockenspiel) et très doux, que la voix de Gareth et les choeurs enrichissent sans excès. Avec cet opus, Los Campesinos démontre son talent pour maîtriser des atmosphères plus en contraste et en retenue. L'excellent 8.Who fell asleep in et la douceur de ses cordes s'inscrit dans cette problématique ainsi que le bijou 13. The sea is a good place to think of the future  qui, pour moi, s'impose comme le meilleur titre écouté depuis des mois. Des paroles sombres, des violons somptueux, le phrasé de Gareth, les choeurs, les changements de rythme avec les deux explosions de cuivres. Sublime tout simplement. 15. A burne scar in the shape of the sooner state (Coda) -toujours ce goût pour les titres à rallonge- témoigne aussi de cette belle capacité à résister à la tentation de l'explosion. Une belle montée en puissance où le petit rythme joué au glockenspiel laisse peu à peu place aux choeurs et à une guitare au son saturé.
    S'ils savent donc fouiner ailleurs que dans l'explosion spontanée et le plaisir immédiat, les Gallois ont aussi à mon sens une approche plus variée. 3. Romance is boring, le titre éponyme de l'album, se montre ainsi très rock dans sa composition, porté par un refrain entraînant (les choeurs toujours aussi forts). Un 4. We've got your back (Documented minor emotional breakdown #2) fait quant à lui les yeux doux à la pop-rock, la voix d'Alexandra rappelant les souvenirs de The Teenagers. On surprend même des chants plus noisy au début du très bon 5.Plan A ou une ambiance plus rock électro dans l'excellent 11.I just sighed, I just sighed, just so you know qui possède peut-être l'univers instrumental le plus recherché.
      Sous des aspects à première vue assez conventionnels, Los Campesinos a donc  néanmoins commencé sa mue artistique. Comme si l'étudiant était sur le point de finir ses études et avait entraperçu à travers des entretiens d'embauche le monde professionnel. ll n'y est pas encore mais s'y prépare activement... Un bien bel album finalement si vous ne l'aviez pas encore compris.

Sylphe



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4 février 2010 4 04 /02 /février /2010 11:44
      Voilà déjà deux semaines que le dernier album de Four Tet tourne inlassablement sur ma platine, cover-copie-135.jpgdiffusant en moi sa préciosité incommensurable (et là il n'y a rien de péjoratif dans l'utilisation de préciosité). Le temps d'appréhender pleinement sa beauté, toutes ces mélodies finement ciselées à travers un univers instrumental tout en simplicité et en justesse.
     Après 4 albums explorant avec brio des ambiances instrumentales diverses ayant pour point de ralliement la musique électronique ( folk, electronica, hip-hop, jazz), Kieran Hebden alias Four Tet semble avoir décidé de se tourner vers la synth-pop qui se marie parfaitement avec la house et l'electronica. Le résultat est un album à première vue optimiste, qui s'apparenterait pour moi à un paysage polaire sous un soleil éclatant. Je dis bien  " à première vue" car je trouve les mélodies assez  mélancoliques, bien que contre-balancées la plupart du temps par des beat imposants distillant un esprit plus léger et festif. Finalement plus qu'optimiste je dirai que cet album est... lumineux.
    1.Angel Echoes offre d'emblée une electronica atmosphérique portée par les samples et un beat de fond quand surgissent des boucles de voix féminines répétant à l'infini le titre de l'album. Ajoutons-y quelques sonorités légères qui reviennent dans tout l'album -des sonorités surannées qui répondent parfaitement à cette atmosphère mêlant mélancolie et nostalgie- et nous obtenons un joli titre résolument porté vers la synth-pop.
2.Love Cry et sa première minute semble suivre la même voie lorsque surgit une batterie percutante proposant une rythmique très bossa. Le morceau épique de 9 minutes n'a pas fini d'évoluer lorsque les voix féminines, ici utilisées comme des instruments au service de la mélodie, apparaissent pour confirmer la volonté de ne pas se cantonner à une electronica expérimentale. Volonté mélodique, boucles de sons répétitives, beat imposant, ce n'est pas un hasard si ce morceau a été choisi comme single car il synthétise parfaitement les envies de Four Tet.
     3.Circling met, quant à lui, l'accent essentiellement sur une électronica aussi répétitive que soignée à l'extrême. Un morceau qui n'est pas sans rappeler les productions de Warp et de Boards of Canada en priorité ( mon impression de visualiser un paysage polaire viendrait-elle de là?). Passé l'intermède de 11 secondes 4 .Pablo's Heart (7.Reversing sera le deuxième intermède de l'album), 5.Sing offre un son beaucoup plus house et oserais-je dire "dance-floor" tant ses boucles de sons de synthèse donnent envie de bouger son corps. Pointez l'oreille et dépassez le beat percutant vous pourrez savourer à sa juste mesure la richesse de l'univers instrumental du morceau.
     6.This unfolds et sa douceur, 8.Plastic People et sa mélodie contemplative contrastant avec le beat festif (je pense de temps en temps à Xploding Plastix en écoutant ce morceau) s'incrivent parfaitement dans l'architecture de l'album. 9.She just likes to fight et sa mélodie digne d'un Roudoudou clot l'album tout en simplicité et délicatesse, il ne reste plus qu'à sortir de la bulle et aller se confronter au monde extérieur...
     Bijou de cette année 2010 qui vient d'affirmer sa position pour les futurs tops de fin d'année, rien que ça.




Sylphe
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